Voici un article scientifique sur l’hexane — sa présence dans l’alimentation, les compléments alimentaires, ses mécanismes de toxicité, ses effets sur la santé, les données récentes (notamment l’enquête Greenpeace), les biomarqueurs utilisables, et les stratégies de prévention. Je cite les études et sources accessibles pour que les lecteurs puissent les retrouver.

L’hexane, agent invisible de la transformation alimentaire

L’hexane (n-hexane) est un hydrocarbure aliphatiques (C₆H₁₄), dérivé du pétrole, utilisé comme solvant industriel très efficace pour extraire les lipides et les protéines des graines oléagineuses (soja, colza, tournesol, etc.). Il permet un rendement élevé d’extraction, mais au prix de risques discrets mais réels pour la santé humaine.

Ce qui rend la question plus alarmante : dans un rapport publié le 22 septembre 2025, Greenpeace France révèle que des résidus d’hexane sont présents dans de nombreux produits alimentaires de consommation courante — y compris des huiles végétales, des beurres, des laits (même infantiles), et de la volaille.

Contexte et sources institutionnelles :

Greenpeace France — « Scandale sanitaire : l’hexane, un solvant toxique dans vos assiettes » (Communiqué + rapport complet, 22/09/2025)
Annexe 2 : Résultats détaillés des produits testés (huile, beurre, lait, volaille)
Le Monde, 22 septembre 2025 — « Inquiétudes sur la contamination de l’alimentation par l’hexane »
RMC / BFMTV, 23 septembre 2025 — « Huile, beurre, lait : ces aliments contiennent de l’hexane, un dérivé du pétrole »
Le Vif (Belgique), 23 septembre 2025 — « Lait, huile, volaille... Ce qu'il faut savoir sur l'hexane, ce solvant dérivé du pétrole présent dans nos assiettes »
L’Info Durable, 24 septembre 2025 — « Greenpeace France demande l’interdiction de l’hexane dans l’alimentation »

Références scientifiques :

Spencer PS, et al. Toxicologic and Applied Pharmacology, 1982.

→ Mechanisms of n-hexane neurotoxicity: axonal swelling and cross-linking of neurofilaments.

Takeuchi Y, et al. British Journal of Industrial Medicine, 1980.

→ Peripheral neuropathy induced by n-hexane exposure in workers.

Li W, et al. Environmental Toxicology and Pharmacology, 2019.

→ Hepatic oxidative stress induced by chronic exposure to hexane and its metabolites.

Abdel Salam OME, et al. Journal of Biochemical and Molecular Toxicology, 2013.

→ Reproductive and oxidative effects of n-hexane exposure in rats.

ATSDR – Agency for Toxic Substances and Disease Registry (CDC, USA)

→ Toxicological Profile for n-Hexane, 2019.

M.Luisa Mateus, Ana P.M.dos Santos, M.Camila C Batoréu

→ Evidence of Zinc Protection against 2,5-Hexanedione Neurotoxicity: Correlation of Neurobehavioral Testing with Biomarkers of Excretion.

https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0161813X02000116

Qi, Y., Li, Sy., Piao, Fy. et al, 2015.

→ 2,5-Hexanedione induces apoptosis via a mitochondria-mediated pathway in PC12 cells. Mol. Cell. Toxicol. 11, 79–87 (2015).

https://link.springer.com/article/10.1007/s13273-015-0010-x

Baoning Qi 1, Shouzhu Xu 1, Yuan Liang 2, Jiaxin Wang 1, Zhigang Zhang 1, Juan Li 1, Jing Zhou.

→ Proapoptotic effects of 2,5-hexanedione on pheochromocytoma cells via oxidative injury.

Urinary 2,5 hexanedione as a biomarker of n-hexane exposure

Références réglementaires :

  • ICH Q3C (R8) – Impurities: Guideline for Residual Solvents, EMA, 2022.
  • USP <467> – Residual Solvents (Headspace Gas Chromatography), United States Pharmacopeia, 2023.
  • NIOSH (CDC) – Méthode 8318 : Dosage de la 2,5-Hexanedione urinaire par GC-MS, 2014.

Lecture recommandée :

  • WHO (OMS) – Environmental Health Criteria No. 122: n-Hexane, 1991.
  • EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) – Scientific opinion on the use of extraction solvents in food, 2020.

Voici ce que cette enquête révèle, les mécanismes biologiques connus, les effets sanitaires potentiels, et les pistes de vigilance et de protection.

L’enquête Greenpeace 2025 : “Hexane dans nos assiettes”

Objectifs et méthodes

  • Greenpeace a commandité des analyses indépendantes dans des laboratoires universitaires pour tester 56 produits alimentaires du quotidien (huiles, beurres, lait infantile, produits laitiers, volaille).

  • Parmi eux, 36 produits ont révélé des résidus d’hexane (au-delà de traces non détectables) selon les seuils analytiques.

  • Greenpeace a aussi souligné que des tourteaux de graines (destinés à l’alimentation animale) testés présentaient des concentrations élevées, ce qui suggère un transfert possible vers les produits animaux (lait, beurre, viande).

Résultats — exemples de marques incriminées

Dans l’annexe des résultats (ou telle qu’elle est rapportée dans la presse), on trouve les cas suivants :

CatégorieMarques / produits citésConcentration observée / remarques
Huiles végétalesHuile Fleur de Colza (Lesieur),
Huile Cœur de Tournesol (Lesieur),
Huile ISIO 4,
Huile “Simply” (Carrefour)
Valeurs en mg/kg, typiquement de l’ordre de 0,04 à 0,08 mg/kg
selon les échantillons testés.
BeurresBeurre Président (doux, demi-sel),
Beurre Elle & Vire (tendre),
Beurre moulé Paysan Breton,
Beurre de Bretagne Les Croisés
Traces d’hexane mesurées dans certains échantillons.
Laits / laits infantilesLait demi-écrémé (marques Lactel, Délisse),
Lait infantile (Blédilait, Blédina)
Résidus < 0,01 à 0,05 mg/kg selon l’échantillon analysé.
Volaille / produits animauxCuisses de poulet
(marque Monoprix dans certaines analyses)
Résidus d’hexane détectés à environ 0,04 mg/kg dans certains cas.

Greenpeace critique le mode de réglementation actuel, en soulignant que la limite européenne de 1 mg/kg pour les résidus d’hexane dans les produits alimentaires est obsolète, fondée sur des données anciennes et peu représentatives.

Ce rapport a déclenché des réactions médiatiques et une pression pour l’interdiction de l’hexane dans l’agroalimentaire.

Mécanismes biochimiques : métabolisme, neurotoxicité, et voies de dommage

Absorption, distribution, métabolisme et excrétion (ADME)

  • L’hexane est absorbé principalement par voie respiratoire (dans le cas d’inhalation), mais aussi par voie orale et cutanée dans certains contextes.

  • Une partie est excrétée inchangée dans l’air expiré (~10–20 %) ; l’essentiel est métabolisé dans le foie par le système cytochrome P450 (notamment CYP2E1).

  • Le métabolite le plus redouté est la 2,5-hexanedione (2,5-HD), laquelle est considérée comme le principal médiateur de la neurotoxicité de l’hexane.

  • Le profil d’élimination urinaire de la 2,5-HD a une demi-vie estimée entre 13 et 14 heures, ce qui peut conduire à une accumulation au sein des jours de travail répétés.

  • Le processus de métabolisme peut générer des adduits de pyrroles, par réaction de la 2,5-HD avec des résidus de lysine ε-amino dans les protéines, conduisant à des modifications du cytosquelette axonal.

Toxicité neuronale : comment la 2,5-HD nuit aux nerfs

  • Dans des modèles animaux (rats), des doses élevées d’hexane ou de 2,5-HD provoquent dégénérescence axonale, gonflement des axones, et ralentissement de la conduction nerveuse (neuropathie périphérique).

  • Les effets se manifestent d’abord dans les nerfs les plus longs (pieds, jambes), puis remontent en cas d’exposition prolongée.

  • Sur le plan cellulaire, la 2,5-HD induit l’apoptose neuronale, via un stress oxydatif (augmentation du MDA, baisse des enzymes antioxydantes comme SOD, GSH-Px), activation des caspases (processus en cascade qui déclenche la mort cellulaire programmée), modulation des protéines pro- et anti-apoptotiques (Bax, Bcl-2) — observé notamment dans des lignées cellulaires (PC12) en culture.

  • Les effets de l’hexane/2,5-HD sont dose-dépendants, mais certaines études suggèrent que même des expositions faibles, cumulatives, pourraient contribuer à des perturbations nerveuses subcliniques.

  • Un aspect mécanistique : les adduits de pyrrole générés peuvent conduire à un cross-linking des protéines axonales, perturbant le transport axonal et conduisant à la dégénérescence.

  • Certaines études suggèrent aussi que le zinc pourrait jouer un rôle protecteur contre la neurotoxicité de la 2,5-HD chez l’animal, en limitant la formation d’adduits toxiques.

Biomarqueurs et surveillance : ce qu’il est possible (et raisonnable) de mesurer

2,5-Hexanedione urinaire : le biomarqueur de référence

  • La 2,5-HD dans les urines est considérée comme le biomarqueur le plus fiable pour évaluer l’exposition à l’hexane, plus pertinente parfois que la mesure de l’air, en particulier pour la détection précoce de neurotoxicité.

  • Le NIOSH (USA) fournit une méthode normalisée (NMAM 8318) pour mesurer la 2,5-HD totale (après hydrolyse acide) dans les urines.

  • Toutefois, la méthodologie (free vs total 2,5-HD) influence fortement les résultats : l’hydrolyse acide convertit des intermédiaires en 2,5-HD, ce qui peut surévaluer l’exposition réelle.

  • Dans une étude de travailleurs exposés, la moyenne de 2,5-HD “free” était d’environ 0,52 mg/L, tandis que la valeur “total” (après hydrolyse) atteignait 2,88 mg/L.

  • Par ailleurs, chez des sujets non exposés professionnellement, des niveaux de base de 2,5-HD libre de 100 à 760 µg/L ont été observés (intervalle 5e–95e centiles) dans une population italienne.

  • Dans les populations non industrielles, la moyenne urinaire 2,5-HD est de l’ordre de 0,4 mg/L (selon le rapport CDC sur la méthode).

Autres biomarqueurs et marqueurs secondaires

  • Adduits de pyrrole : pourraient refléter la formation de liaisons covalentes toxiques dans les tissus (foie, nerfs) — quelques études animales suggèrent des corrélations dose-réponse entre 2,5-HD et pyrroles dans différents tissus.

  • Stress oxydatif : mesure du MDA, des LDL oxydés, du glutathion (GSH/GSSG), de la glutathion peroxydase, du SOD, de la catalase — pour évaluer l’impact redox indirect.

  • Profil hépatique : enzymes transaminases (AST/ALT), gamma-glutamyl transférase, acides biliaires, bilirubine.

  • Fonction nerveuse : électromyographie (EMG) dans les cas symptomatiques, évaluation des sensations, tests de conduction nerveuse.

  • Cofacteurs de détoxification : statuts en vitamines B (B2, B3, B6, B9, B12), sélénium, zinc, N-acétylcystéine, méthionine.

Effets cliniques observés ou potentiels chez l’humain

Expositions professionnelles marquées

  • Des cas documentés de neuropathies périphériques sont largement décrits dans les milieux industriels exposés à l’hexane (usines de solvants, fabrication d’adhésifs).

  • Dans un cas clinique en Chine, 25 patients exposés à l’hexane ont présenté des neuropathies, avec récupération partielle sur 1 à 2 ans après arrêt de l’exposition.

  • La toxicité semble parfois suivre un modèle biphasique : un “coasting” (progression de la neuropathie après arrêt de l’exposition pendant 2–3 mois), puis une récupération lente, partielle ou complète.

Risques dans le contexte alimentaire (expositions faibles, chroniques)

  • Il n’existe pas aujourd’hui d’études cliniques robustes démontrant qu’une consommation régulière d’aliments contenant des résidus d’hexane entraîne directement des neuropathies chez des sujets non exposés professionnellement.

  • Toutefois, les données toxicologiques sur l’hexane et ses métabolites (issues d’études animales, de cultures cellulaires) suggèrent qu’une exposition chronique, même à faibles doses, pourrait contribuer à un stress nerveux cumulatif, un vieillissement oxydatif, une altération subtile de la conduction nerveuse, ou une sensibilité accrue à d’autres neurotoxiques.

  • Le rôle “synergique” avec d’autres polluants (benzène, toluène, solvants organiques) est fréquemment évoqué — la charge chimique globale pourrait dépasser la somme des effets isolés.

  • Greenpeace insiste sur le fait que les concentrations mesurées dans l’enquête (par exemple jusqu’à 80 µg/kg = 0,08 mg/kg) restent en dessous des limites réglementaires européennes (1 mg/kg), mais que ces dernières datent d’évaluations anciennes, peu transparentes et potentiellement sous-estimatrices du danger réel.

Stratégies de prévention et recommandations

Réduire l’exposition

  • Privilégier les huiles végétales vierges, pressées à froid, biologiques, lesquelles ne nécessitent pas l’usage de solvants chimiques.

  • Pour les protéines végétales, favoriser celles extraites mécaniquement ou par procédés à base d’eau (et éviter les isolats sans mention “sans solvant”).

  • Diminuer la consommation de produits ultra-transformés (barres protéinées, simili-viandes industrielles) susceptibles d’avoir recours à des processus d’extraction chimique.

  • Prêter attention à la provenance des matières premières dans l’alimentation animale : les animaux nourris par des tourteaux extraits à l’hexane peuvent transférer des résidus dans le lait, le beurre ou la viande.

  • Favoriser une agriculture plus transparente : encourager les marques à renoncer à l’hexane, soutenir les labels exigeants, et exiger la transparence sur les procédés industriels (ce que Greenpeace revendique à travers sa pétition).

Soutenir la détoxification interne et la résilience

  • Apporter antioxydants puissants : vitamine E, vitamine C, polyphénols, resvératrol, curcumine, flavonoïdes, sulforaphane.

  • Soutenir le cycle du glutathion : N-acétylcystéine, glycine, cystéine, sélénium, zinc.

  • Plantes hépatiques et modulateurs enzymatiques : chardon-marie, romarin, curcuma, desmodium.

  • Apports en micronutriments clés : vitamines B (2, 3, 6, 9, 12), magnésium, coenzyme Q10, acides gras oméga-3.

  • Mode de vie : sommeil réparateur, exercice modéré, limitation de l’exposition à d’autres solvants domestiques, purification de l’air intérieur (filtration, ventilation).

  • Suivi clinico-biologique : demander les biomarqueurs mentionnés (2,5-HD urinaire, profil oxydatif, bilan hépatique, neurofonction) en contexte suspect.

Conclusion : l’hexane n’est pas “un vieux solvant oublié” — c’est un signal faible d’une alimentation industrielle

L’hexane et surtout son métabolite 2,5-HD incarnent une zone grise de la nutrition industrielle : invisible à l’étiquette, mais potentiellement gravement nocif à la longue. L’enquête Greenpeace de 2025 révèle que ce problème ne se cantonne pas aux industries lourdes, mais touche directement nos assiettes quotidiennes — huiles, beurres, laits, volaille.

Si les données cliniques sur des expositions alimentaires modérées restent limitées, les mécanismes toxicologiques (neurotoxicité, stress oxydatif, apoptose neuronale, adduits de pyrroles) sont établis en modèle animal et cellulaire. Pour une pratique de santé intégrative et responsable, il est essentiel de conjuguer :

  • transparence sur les procédés industriels,
  • vigilance analytique (suivi des biomarqueurs pertinents),
  • et interventions précises (détox, renforcement antioxydant, choix alimentaires cohérents).

Derrière chaque "huile pressée à froid" ou “protéine sans solvants”, il y a non seulement un choix gustatif ou éthique, mais un acte de résilience cellulaire.

Où l’hexane intervient dans la chaîne “complément alimentaire”

1) Matières grasses et extraits lipidiques

  • Huiles de graines (onagre, bourrache, carthame, pépins de raisin, etc.) : de nombreuses filières utilisent encore l’extraction au solvant (hexane) pour maximiser le rendement, avant désodorisation et raffinage. Des alternatives existent : pression à froid et CO₂ supercritique, sans solvants résiduels.

  • Lécithines (soja, tournesol) : historiquement co-extraites à l’hexane à partir d’huiles végétales ; d’où la montée des claims “hexane-free/extraction aqueuse” sur certaines références.

  • Vitamine E (tocophérols) & phytostérols : fréquemment isolés du “deodorizer distillate” (sous-produit du raffinage d’huiles) via des procédés faisant intervenir des solvants, dont l’hexane ou des mélanges hexane/acétones ; les voies CO₂ supercritique progressent.

  • Serenoa repens (saw palmetto) : la littérature et les pharmacopées mentionnent des extraits hexaniques (historiques) et des extraits CO₂ (actuels), ces derniers évitant tout résidu de solvant organique.

2) Protéines et poudres “nutrition sportive”

  • Isolat de soja : classiquement produit à partir de farines de soja préalablement dégraissées à l’hexane ; des voies aqueuses existent mais ne sont pas universelles.

  • Autres isolats (pois, riz) : souvent par fractionnement eau/éthanol, CO₂ ou mécaniques ; l’hexane est moins courant mais possible selon la filière.

Normes & limites : ce que disent ICH/USP (référence qualité pour les suppléments)

ICH : International Council for Harmonisation of Technical Requirements for Pharmaceuticals for Human Use
USP : United States Pharmacopeia

Les compléments alimentaires n’ont pas toujours un cadre solvant aussi explicite que les médicaments ; l’industrie s’aligne donc sur l’ICH Q3C & USP <467> pour le contrôle des solvants résiduels.

  • n-Hexane = Solvant de Classe 2 (à limiter : neurotoxicité possible). PDE (Permitted Daily Exposure) : 2,9 mg/jour → limite par défaut 290 ppm (Option 1) si dose journalière ≤ 10 g. (ICH Q3C/USP <467>).

  • Les textes ICH R8/R9 explicitent les approches (Option 1 = limite en ppm ; Option 2 = calcul au cas par cas vs dose journalière).

  • Méthodes analytiques : GC-MS headspace selon USP <467> et méthodes NIOSH pour les solvants résiduels.

En clair : un complément peut être conforme aux limites ICH/USP tout en contenant des traces d’hexane si l’ingrédient a été extrait au solvant.

Produits/ingrédients de compléments “à risque” (et alternatives)

SegmentRisque d’hexaneÉquivalents / alternatives
Lécithine (soja / tournesol)Élevé
si filière conventionnelle
Lécithine bio ou extraction aqueuse / “hexane-free”
(précisé par le fabricant)
Onagre, bourrache, carthame, pépins de raisinÉlevé
(rendement industriel)
Pression à froid
ou
CO₂ supercritique
Vitamine E / tocophérols, phytostérolsModéré → élevé
(issus du distillat de désodorisation + solvants)
Filières CO₂,
procédés “green extraction” récents
Serenoa repens (palmetto)Variable
(hexane historique)
CO₂ supercritique (aucun résidu organique)
Qualité clinique comparable
Protéines végétales (isolats)Élevé pour soja ;
variable pour pois / riz
Filières aqueuses / bio,
éviter “isolat” sans transparence

Détection & contrôle qualité en pratique

  • Quand demander un test ?

– nouvelles références “lipidiques” (huiles, lécithines, extraits lipidiques) ;
– allégations floues (“pure”, “natural”) sans mention du procédé.

  • Quoi demander ?

– Certificat d’analyse (CoA) avec résidus de solvants selon USP <467>/ICH Q3C ;
– confirmation “hexane-free” et procédé d’extraction écrit (pression à froid, CO₂, aqueux).

  • Méthode labo : headspace GC-MS pour solvants volatils ; seuils de quantification typiques ≤ 10 ppm selon matrice. (USP <467>).

Enjeux sanitaires spécifiques aux compléments

Même si les niveaux conformes à ICH/USP sont faibles, l’exposition cumulative (alimentation + air intérieur + compléments) justifie la prudence, surtout pour des ingrédients lipophiles (hépatotropes, neurotropes) et des usagers chroniques.

  • L’hexane est métabolisé en 2,5-hexanedione, neurotoxique (adduits de pyrroles, atteinte axonale) ; mécanismes bien documentés en modèles précliniques.

  • Les alternatives CO₂ supercritique / aqueuses évitent les résidus organiques et sont technologiquement matures pour huiles, phytostérols et extraits végétaux.

Bonnes pratiques d’achat (formulatrice/ prescriptrice)

1. Exiger la transparence procédé (fiche technique + CoA solvants).

2. Privilégier CO₂ supercritique/pression à froid pour toutes les matrices lipidiques.

3. Lécithine : préférer extraction aqueuse / mention “hexane-free” vérifiable.

4. Vitamine E & phytostérols : demander l’origine (DD d’huiles ? procédé) et la méthode d’isolement.

5. Protéines : s’assurer que les isolats ne proviennent pas de farines dégraissées à l’hexane (ou choisir des concentrés aqueux/bio).

6. Contrôles au hasard : plan d’échantillonnage annuel USP <467> chez un labo tiers.

Réglementation : pourquoi cite-t-on l’ICH/USP pour des compléments

ICH : International Council for Harmonisation of Technical Requirements for Pharmaceuticals for Human Use
USP : United States Pharmacopeia

    • En l’absence de cadre solvant spécifique aux denrées/suppléments, beaucoup d’acteurs appliquent volontairement ICH Q3C (médicaments) pour garantir la sécurité ; les PDE et limites en ppm sont donc la référence de fait du secteur.

    • n-Hexane = Classe 2 ; PDE 2,9 mg/j ; limite par défaut 290 ppm (Option 1).

    • USP <467> décrit la méthode analytique et l’esprit de contrôle.

    Greenpeace & compléments : le message à retenir

    L’enquête Greenpeace 2025 visait l’alimentation générale (huiles, beurres, laits, volaille) et a mis en lumière l’usage massif d’hexane dans la filière huiles/protéines — amont commun aux ingrédients de nombreux compléments (lécithine, tocophérols, phytostérols, isolats).

    Le signal est donc pertinent pour notre secteur : même si les niveaux résiduels sont conformes ICH/USP, la préférence va à des procédés sans solvants (pression, CO₂, aqueux).

    En résumé

    • Que choisir ?
      CO₂ supercritique, pression à froid, extraction aqueuse, labels bio & mentions hexane-free vérifiables.

    L’ICH et l’USP, ces deux références sont incontournables dans le monde de la qualité pharmaceutique et nutraceutique :

    1. L’ICH – International Council for Harmonisation of Technical Requirements for Pharmaceuticals for Human Use

    Site officiel : https://www.ich.org

    Mission

    L’ICH (anciennement International Conference on Harmonisation) est un organisme international qui élabore des normes techniques mondiales pour garantir la qualité, la sécurité et l’efficacité des médicaments.

    Il regroupe :

    • les autorités de santé (FDA – USA, EMA – Europe, PMDA – Japon, Santé Canada, etc.)
    • les grandes fédérations pharmaceutiques mondiales.

    Rôle concernant les solvants

    L’ICH a publié une série de lignes directrices appelées ICH Q3C (“Impurities: Residual Solvents”). Ces textes définissent les limites de sécurité pour les solvants résiduels susceptibles de rester dans les médicaments (et par extension, dans les compléments).

    Classification des solvants (selon leur toxicité)

    ClasseExemplesToxicitéUsage
    Classe 1
    (à éviter)
    Benzène,
    Carbone tétrachloré
    CancérogènesInterdits
    sauf justification exceptionnelle
    Classe 2
    (à limiter)
    n-Hexane,
    Toluène,
    Chloroforme
    Neurotoxiques,
    Reprotoxiques,
    Hépatotoxiques
    Limites quantitatives strictes
    Classe 3
    (à faible toxicité)
    Éthanol,
    Acétate d’éthyle,
    Acétone
    Peu toxiquesSeuils plus élevés tolérés

    Pour n-Hexane, la limite fixée par l’ICH Q3C est :
    PDE = 2,9 mg/jour
    ➡️ ce qui équivaut à 290 ppm (0,029 %) si le produit est consommé à raison de 10 g/jour.

    Ces valeurs sont appelées PDE (Permitted Daily Exposure) = quantité maximale sans risque pour un adulte de 50 kg.

    2. L’USP – United States Pharmacopeia

    Site officiel : https://www.usp.org

    Norme clé : USP <467> “Residual Solvents”

    Ce chapitre décrit :

    • les méthodes analytiques officielles pour mesurer les solvants résiduels (notamment par chromatographie en phase gazeuse avec espace de tête – GC Headspace),
    • les limites autorisées pour chaque solvant, en conformité avec l’ICH Q3C,
    • les procédures de validation des résultats.

    En pratique : Lorsqu’un fabricant affirme que son produit est “conforme USP <467>”, cela signifie qu’il a mesuré les solvants résiduels selon cette norme et qu’ils se situent en dessous des limites fixées par l’ICH Q3C.

    3. Pourquoi cela concerne aussi les compléments alimentaires ?

    Même si les compléments ne sont pas des médicaments, les bons fabricants s’alignent volontairement sur ces normes pour :

    • prouver la pureté de leurs extraits,
    • garantir l’absence de solvants dangereux,
    • être acceptés par les marchés internationaux (FDA, EMA, Santé Canada, etc.).

    Ainsi, les produits dits “conformes ICH/USP” :

    • ont été testés pour l’absence de solvants résiduels (dont l’hexane),
    • respectent des seuils jugés non toxiques selon la réglementation pharmaceutique.

    4. En résumé clair

    RéférenceSignificationRôle clé
    ICHConseil international d’harmonisationDéfinit les limites de sécurité toxicologique (PDE) des solvants
    USPPharmacopée américaineDécrit les méthodes analytiques
    et les tests de conformité (chapitre <467>)
    N-Hexane
    (Classe 2)
    Neurotoxique,
    à limiter
    PDE = 2,9 mg/j → limite = 290 ppm

    Exemple concret

    Un laboratoire qui fabrique une huile de bourrache CO₂ ou un extrait de palmier nain (Serenoa repens) de qualité “pharma grade” pourra afficher :

    • “Extrait conforme à ICH Q3C / USP <467> : solvants résiduels < 10 ppm – aucune trace d’hexane détectée.”

    Cette mention garantit que le produit respecte les normes toxicologiques internationales les plus strictes.

    Que signifient les mentions ICH Q3C et USP <467> ?

    Des standards internationaux de pureté

    Les sigles ICH et USP font référence à deux cadres mondiaux d’évaluation de la pureté et de la sécurité des substances utilisées dans les médicaments et les compléments alimentaires :

    • ICH (International Council for Harmonisation) : organisme intergouvernemental qui fixe les seuils toxicologiques maximums de solvants résiduels susceptibles de subsister après extraction. Sa ligne directrice ICH Q3C classe les solvants en trois catégories :
      • Classe 1 : cancérogènes ou à éviter (ex. : benzène),
      • Classe 2 : toxiques à limiter (ex. : n-hexane, toluène, chloroforme),
      • Classe 3 : solvants à faible toxicité (éthanol, acétate d’éthyle…).

    → Pour le n-hexane, la limite fixée est une exposition quotidienne maximale de 2,9 mg/jour, soit 290 ppm dans un ingrédient consommé à raison de 10 g/jour. (Réf. : ICH Q3C (R8), EMA 2022 – Document officiel.

    • USP (United States Pharmacopeia) : pharmacopée américaine reconnue par la FDA, qui décrit les méthodes analytiques de contrôle de ces solvants.
      Le chapitre USP <467> définit la procédure standard pour détecter et quantifier les résidus organiques volatils par chromatographie gazeuse à espace de tête (GC-Headspace), et pour vérifier leur conformité aux limites ICH.

    Des standards internationaux de pureté

    Même si les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments, les fabricants sérieux s’y conforment volontairement afin de :

    • garantir une pureté chimique mesurable,
    • attester de l’absence de solvants pétrochimiques dangereux,
    • faciliter la circulation internationale de leurs produits.

    Lorsqu’un fournisseur mentionne sur sa fiche technique :
    “Conforme ICH Q3C / USP <467> : aucun résidu d’hexane détecté (< 10 ppm)”, cela signifie que la matière première a été analysée selon les normes pharmaceutiques les plus exigeantes, et que les traces d’hexane (ou d’autres solvants organiques) sont inférieures aux seuils de toxicité reconnus au niveau mondial.

    Tableau de référence — Classification des solvants selon l’ICH Q3C (R8) et l’USP <467>

    ClasseExemples de solvantsToxicité principaleLimite autorisée (ppm)Commentaire
    Classe 1

    À éviter absolument
    Benzène,
    Carbone tétrachloré,
    1,2-Dichloroéthane,
    1,1-Dichloroéthène
    Cancérogènes,
    Génotoxiques
    0 ppm (interdits)Non justifiables
    en production alimentaire
    ou nutraceutique
    Classe 2

    À limiter strictement
    n-Hexane,
    Toluène,
    Chloroforme,
    Méthanol,
    Xylène,
    Acétone nitrile
    Neurotoxiques,
    Hépatotoxiques,
    Reprotoxiques
    Variable selon la molécule :
    • n-Hexane : 290 ppm (PDE 2,9 mg/j)
    • Toluène : 890 ppm (8,9 mg/j)
    • Chloroforme : 60 ppm (0,6 mg/j)
    Seuils définis par ICH Q3C (R8)
    pour une dose journalière
    de 10 g de substance
    Classe 3

    À faible toxicité
    Éthanol,
    Acétate d’éthyle,
    Acétone,
    1-Propanol,
    2-Propanol
    Faible toxicité aiguë,
    Non cancérogènes
    5000 ppm (max)Souvent utilisés dans les procédés “verts”
    ou d’extraction douce
    Classe 4

    Données insuffisantes
    Butanol,
    Isopropyléther,
    tert-Butanol…
    Toxicité mal documentéeÉvaluation
    au cas par cas
    Usage restreint,
    recommandé : ≤ 1000 ppm

    Lecture experte

    • La limite en ppm (parties par million) correspond à la quantité résiduelle maximale tolérée dans la matière sèche d’un ingrédient.

    • Le PDE (Permitted Daily Exposure) exprime la dose journalière sans risque, calculée pour un adulte de 50 kg.

    • Ces valeurs sont issues du document officiel :
      👉 ICH Q3C (R8), EMA 2022

    Points clés à retenir

    • Le n-hexane appartient à la Classe 2, c’est-à-dire toxique mais toléré à dose très faible.

    • Les produits certifiés ICH Q3C / USP <467> garantissent que leurs résidus de solvants restent inférieurs aux seuils officiels internationaux.

    • Les extraits CO₂ supercritique, pressés à froid ou issus d’extraction aqueuse n’en contiennent aucune trace mesurable, et sont donc à privilégier dans une démarche de santé fonctionnelle et intégrative.